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TERTULLIEN.

aux âmes mauvaises, le salut leur est absolument interdit. Ils ont déclaré, en effet, que la nature n’admet ni changement ni réforme. Cette graine de la semence spirituelle est petite et faible quand elle tombe, mais à mesure qu’elle se développe, la foi grandit avec elle, ainsi que nous l’avons dit plus haut. Elle est le principe de la supériorité de ces âmes sur les autres âmes, si bien que le Démiurgue, même aux jours de son ignorance, en fit le plus grand cas. C’est dans leur registre qu’il avait coutume de choisir les rois et les pontifes. Si ces âmes parviennent à saisir la connaissance pleine et parfaite de ces inepties, identifiées désormais à ces propriétés par la fraternité de la semence spirituelle, elles obtiendront un salut certain, que dis-je ? un salut qui leur est dû de toute manière.

XXX. Voilà pourquoi ils regardent les œuvres comme leur étant inutiles, et se dispensent de l’accomplissement de tout devoir, se dérobant même à la nécessité du martyre, sur je ne sais quelle frivole interprétation. Ils veulent, en effet, que cette règle ne soit imposée qu’à la semence animale, afin que nous conquérions par le mérite de l’acte le salut que nous ne possédons pas par le privilége de notre nature. C’est nous qui formons la catégorie de cette semence, essence imparfaite que nous sommes, parce que nous provenons des amours de Philète, et de l’avortement par conséquent, à peu près comme leur mère. Mais aussi, malheur à nous, si nous secouons sur quelque point le joug de la discipline, si nous nous engourdissons dans l’exercice de la sainteté et de la justice, si nous désirons de rendre témoignage ailleurs, je ne sais où, et non en face des puissances de ce monde et devant les tribunaux des proconsuls. Quant à eux, qu’ils s’arrogent la noblesse de l’extraction par la licence de leur vie et l’amour du dérèglement ; Achamoth doit protéger les siens, puisque ses dérèglements lui ont si bien profité. On dit en effet que chez eux, pour honorer les mariages célestes, il faut méditer et célébrer toujours le sacrement, en s’attachant à la