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CONTRE LES VALENTINIENS.

I. Les Valentiniens, secte nombreuse parmi les hérétiques, parce qu’elle se recrute des apostats de la vérité, penche volontiers pour les fables, et n’a rien d’effrayant dans sa discipline ; les Valentiniens n’ont d’autre souci que de cacher ce qu’ils prêchent, si toutefois c’est prêcher que de cacher sa doctrine. Les ténèbres dont ils s’enveloppent sont une précaution qui les accuse. Ils affichent leur ignominie en affirmant leur religion. En effet, le silence qui recouvre les mystères d’Éleusis, espèce d’hérésie dans la superstition grecque, en est la honte. Voilà pourquoi ils imposent de rudes épreuves, réclament une longue initiation, mettent un sceau sur la langue, et fixent à cinq ans la durée du noviciat, afin d’accroître l’estime en ajournant la connaissance et de relever la majesté des mystères en allumant le désir. Puis vient le devoir du silence. On garde avec attention ce qu’on a découvert si tard. D’ailleurs cette divinité qui réside dans le sanctuaire, ces soupirs des candidats, ce sceau apposé sur la langue, à quoi tout cela vient-il aboutir ? À la révélation de l’emblème de la virilité humaine. Une interprétation allégorique, prétextant le nom vénérable de la nature, voile le sacrilège sous le patronage d’une figure forcée, et se justifie du reproche de fausseté par le simulacre qu’on adore. Il en est de même des hérétiques auxquels nous nous attaquons. Recouvrant