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en ta qualité de peintre, comme la fin de toute chose que détermine une dernière ligne. La Matière ne sera donc pas infinie, puisqu’en étant dans un lieu, elle est déterminée par ce lieu, et que déterminée par lui, elle en reçoit forcément des limites. Toi, au contraire, tu la fais infinie, en disant : elle est infinie, parce qu’elle est toujours. Et si quelqu’un de tes disciples essaie de nous répondre que tu veux parler de l’infinité du temps et non de celle du corps, le passage suivant prouvera que tu l’entends d’une infinité corporelle, d’une immensité corporelle qui ne reconnaît ni fin ni limites. De là vient, dis-tu, que la Matière tout entière n’a pas été employée à la création, mais seulement quelques parties. Tant il est vrai que tu lui donnes l’infinité du corps, et non celle du temps. Puis, tu te contredis toi-même, lorsqu’après lui avoir assigné l’infinité du corps, tu lui assignes un lieu dans lequel tu la circonscris, et qui lui sert de limite.

Toutefois, pourquoi Dieu ne l’employa-t-il pas tout entière à la création, je l’ignore, à moins peut-être qu’il ne soit impuissant ou jaloux. Je demande donc quelle est l’autre moitié de celle qui n’a pas servi tout entière à, la création, afin que je sache ce qu’elle est dans son intégrité ! Dieu aurait dû nous la faire connaître comme un type de l’antiquité, pour la glorification de son œuvre.

XXXIX. Eh bien ! qu’elle soit circonscrite, ainsi que tu le trouves plus raisonnable, par ses changements et ses translations ; qu’elle soit saisissable, puisqu’elle est travaillée par Dieu, dis-tu, en tant qu’elle est susceptible de changement, de conversion et de division, à la bonne heure ! Ses changements, ajoutes-tu, prouvent sa divisibilité. Ici tu es infidèle au principe que tu as établi, quand tu opposais à la personne de Dieu la prescription qu’il n’avait pu la créer de lui-même, parce qu’en sa qualité d’Etre éternel et indéfectible, immuable par conséquent et indivisible, il n’avait pu admettre de partage. Si la matière a pour