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mouvement, mais non pas assurément une partie intégrante de sa substance, de même que tu fais du mouvement la substance incorporelle de la Matière. En un mot, tous les êtres se meuvent ou par eux-mêmes, comme ceux qui sont animés, ou par d’autres, comme ceux qui sont inanimés. Toutefois, je n’appellerai ni l’homme, ni la pierre, des êtres corporels et incorporels, parce qu’ils ont un corps et le mouvement, mais plutôt à cause de la forme de leur corporéité, la même pour tous, et qui constitue la substance. S’il y a en eux des choses incorporelles, des actes, des affections, des devoirs, des passions, nous ne les regardons pas comme des portions intégrantes d’eux-mêmes. A quel propos donc Hermogène transforme-t-il en portion de la Matière le mouvement, qui n’appartient pas à la substance, mais à la manière d’être de la substance ? Quoi donc ? S’il t’avait plu d’introduire une Matière immobile, l’immobilité serait-elle la seconde moitié d’elle-même ? Il en va ainsi du mouvement. Mais nous en parlerons encore ailleurs.

XXXVII. En effet, je te vois revenir en ce moment à cette même raison qui a coutume de ne le rapporter rien de certain. De même que tu ne fais la Matière ni corporelle ni incorporelle, tu ne la fais ni bonne ni mauvaise, et argumentant là-dessus : « Si la Matière était bonne, dis-tu, celle qui l’aurait été de tout temps, n’aurait pas eu besoin d’être arrangée par Dieu ; si elle était mauvaise pas essence, elle eût résisté à toute transformation pour la rendre meilleure, et alors Dieu ne lui eût jamais appliqué aucune de ses dispositions, puisqu’il eût travaillé en vain. » Voilà tes paroles, ô Hermogène ! Il aurait été bon de t’en soutenir ailleurs, pour ne pas te mettre en contradiction avec toi-même. Mais, comme nous avons déjà discuté précédemment cette ambiguïté du bien et du mal, que lu attribues à la matière, je me contenterai de répondre à la proposition que tu avances et à ton argumentation. Je ne répéterai pas ici que tu aurais dû t’arrêter à quelque chose de