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il perd ses fruits encore verts. Les montagnes fondront comme la cire en la présence du Seigneur, lorsqu’il se lèvera pour briser la terre. — Je dessécherai les marais. — Ils chercheront de l’eau et ils n’en trouveront plus, pas même la mer. » Voulût-on assigner une interprétation spirituelle à tous ces oracles, on ne pourrait cependant détruire la vérité des événements, qui s’accompliront tels qu’ils furent écrits. En effet, s’il y a des figures, il faut nécessairement qu’elles soient empruntées aux êtres réels et non aux chimériques, parce que rien ne peut communiquer de son propre fonds sa ressemblance à une autre chose, à moins d’être lui-même identique à cette ressemblance.

Je reviens donc au principe qui établit que tout ce qui a été tiré du néant retombera dans le néant. Dieu n’aurait pas créé de ce qui est éternel, c’est-à-dire de la Matière, quelque chose de périssable, ni de ce qui est plus élevé des êtres inférieurs, parce qu’il est bien plus digne de lui de tirer de ce qui est inférieur des êtres supérieurs, c’est-à-dire de ce qui est périssable ce qui est éternel. Telle est la promesse qu’il fait à noire chair. Il a voulu déposer au fond de nous-mêmes un gage de sa vertu et de sa puissance, afin de nous disposer à croire que l’universalité des créatures qui étaient comme mortes, puisqu’elles n’existaient pas, ont été réveillées du néant par lui, pour être appelées à l’existence.

XXXV. Quoiqu’il ne soit pas besoin de discuter l’essence de la Matière, car il faudrait auparavant que son existence fût constatée, toutefois poursuivons comme s’il était certain qu’elle existe, afin qu’il soit d’autant plus attesté qu’elle n’existe pas, que les propriétés qu’on lui donne ne soutiennent pas l’examen, et aussi pour qu’Hermogène reconnaisse ses contradictions. Au premier aspect, dit-il, la Matière nous semble incorporelle ; mais, examinée au flambeau de la droite raison, on découvre qu’elle n’est ni corporelle ni incorporelle. Quelle est cette droite raison qui