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la superstition romaine inventa aussi une déesse Alémona, chargée de nourrir le fœtus dans le sein maternel ; une Nona et une Décima, à cause des mois les plus difficiles ; une Partula, pour gouverner l’accouchement ; et enfin une Lucine, pour produire l’enfant à la lumière. Pour nous, nous confions à un ange ces fonctions divines. Le fétus est donc un homme dans le sein maternel aussitôt qu’il est complètement formé. La loi de Moïse, en effet, punit par le talion, quiconque est coupable d’avortement, puisque le principe qui fait l’homme existe, puisqu’il peut déjà vivre et mourir, puisqu’il est déjà soumis aux vicissitudes humaines, quoique vivant encore dans sa mère, il participe à tout ce qu’éprouve sa mère.

Je dirai aussi un mot de l’époque où l’âme naît, afin d’embrasser toute la question. La naissance régulière a lieu vers l’entrée du dixième mois. Ceux qui supputent les nombres honorent aussi la décade comme le nombre générateur de tous les autres, et complétant d’ailleurs la naissance humaine. Pour moi, j’aime mieux rapporter à Dieu la mesure de ce temps, afin que ces dix mois soient plutôt l’initiation de l’homme au décalogue, et que l’espace nécessaire à sa naissance soit égal au nombre des préceptes auxquels il devra sa renaissance. Mais puisque la naissance est achevée au septième mois, je lui accorderais plus volontiers qu’au huitième, l’honneur de rappeler le sabbat, de sorte que le mois où l’image de Dieu est produite à la lumière, correspond par intervalles au jour où se consomma la création divine. Il a été permis à la naissance de prendre les devants et de se rencontrer si exactement avec la semaine, comme un présage de résurrection, de repos et de royauté. Voilà pourquoi l’ogdoade[1] ne nous engendre pas. « Alors en effet il n’y aura plus de mariage. »

Nous avons déjà établi l’union de l’âme et du corps à partir de l’indivisible mélange des semences elles-mêmes jusqu’

  1. Nombre huit. Il représente, dans saint Clément d’Alexandrie, le ciel où les enfants du siècle ne se marient plus. Patria virginitatis paradisus, a dit saint Ambroise.