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leurs châtiments, objets de dégoût dans leurs faveurs, que la scélératesse ne redouterait point, que n’ambitionnerait point la vertu ; auxquels courraient les malfaiteurs plutôt que les élus, les premiers pour se dérober plus promptement à la justice du siècle, les seconds pour la subir plus tard ! Philosophes, vous nous enseignez avec raison, vous nous persuadez avec utilité que les supplices ou les récompenses sont plus légers après la mort, puisque si quelque jugement attend les âmes, il faudra le croire plus redoutable dans l’examen que dans la conduite de la vie, parce que rien de plus complet que ce qui est le dernier, et rien de plus complet que ce qui est divin. Dieu jugera donc plus complètement, parce qu’il jugera le dernier par une sentence éternelle, pour le supplice aussi bien que pour le rafraîchissement ; renvoyant les âmes, non pas dans le corps des bêtes, mais dans leurs propres corps, et cela une seule fois, et cela dans « ce jour

que le Père lui seul connaît, » afin que la sollicitude de la foi soit éprouvée par une attente pleine d’anxiété, les yeux constamment fixés sur ce jour, parce qu’elle l’ignore constamment, craignant tous les jours parce qu’elle espère tous les jours.

XXXIV. Jusqu’à ce jour aucune hérésie n’a encore avancé en son propre nom l’opinion extravagante qui fait revivre les âmes humaines dans le corps des bêtes. Mais nous avons jugé nécessaire de rapporter et de combattre cette assertion, parce qu’elle se lie aux précédentes, afin de réfuter la transformation d’Homère en paon, de même que celle de Pythagore en Euphorbe, et pour que cette métempsychose ou métemsomatose, réduite au néant, renversât également celle qui a fourni aux hérétiques quelques arguments. En effet, Simon le Samaritain, le même qui, dans les Actes des Apôtres, voulut acheter l’Esprit saint, après avoir été condamné par l’Esprit lui-même à périr avec son argent, pleura vainement, et dirigea ses efforts vers la ruine de la vérité, comme pour soulager sa défaite. Appuyé