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les seconds, mais ne sont venus que des vivants. Les premiers ont eu pour naître un tout autre principe que celui des morts ; les seconds n’ont pu provenir d’ailleurs que des vivants. Conséquemment, si dès l’origine des choses, les vivants ne naissent pas des morts, pourquoi en naîtraient-ils dans la suite ? La source de cette origine, quelle qu’elle soit, avait-elle défailli ? se prit-elle de repentir pour ce qu’elle avait décrété ? Alors pourquoi persévère-t-elle dans ce qui concerne les morts ? Parce que dès le commencement, dis-tu, les morts ne naissent pas des vivants, est-ce une raison pour qu’il en soit toujours ainsi ? Et moi je te réponds qu’elle eût persévéré dans les deux formes qu’elle avait établies d’abord, ou qu’elle les eût changées l’une et l’autre. S’il avait fallu dans la suite que les vivants naquissent des morts, il faudrait également que les morts ne sortissent pas des vivants. Si la foi que réclame ton institution ne s’étend pas à toutes ses parties, il n’est pas vrai que les contraires renaissent des contraires dans une révolution successive. Nous aussi nous t’opposerons des contraires, ce qui est né et ce qui n’est pas né, la vue et la cécité, la jeunesse et la vieillesse, la sagesse et la folie : il ne s’ensuit pas néanmoins que l’inné provienne de ce qui est né, parce que le contraire arrive après le contraire, ni que la vue renaisse de la cécité, parce que la cécité survient après la vue, ni que la jeunesse revive de la vieillesse, parce que la vieillesse languit après l’éclat de la jeunesse, ni que la folie soit guérie une seconde fois par la sagesse, parce que la sagesse s’aiguise après la folie. Albinus, craignant qu’on ne fît cette objection à Platon, son maître, essaie de distinguer subtilement les différentes espèces d’oppositions, comme si les précédentes n’étaient pas aussi absolues que la vie et la mort, appliquées par lui à l’interprétation du système de son maître : toutefois, la vie ne naîtra point de la mort, parce que la mort est, amenée par la vie.

XXX. Mais que répondre à tout le reste ? D’abord si les vivants