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dit : « L’âme est formée ailleurs et en dehors de l’utérus ; l’enfant l’aspire avec son premier souffle, et elle s’échappe avec le dernier souffle de l’homme. » Est-ce là une fable ? Nous le verrons. Parmi les médecins se rencontra également Hicésius, infidèle à la nature aussi bien qu’à son art. Ils ont rougi, ce semble, de s’accorder sur ces points avec des femmes. Mais combien n’est-il pas plus honteux d’être réfuté que d’être loué par des femmes ! Sur cette matière, en effet, le maître, l’arbitre, le témoin le plus habile, c’est le sexe lui-même. O mères, ô femmes enceintes, et vous qui avez déjà enfanté, répondez : je ne veux point interroger les hommes ni celles qu’afflige la stérilité. C’est la vérité de votre nature que l’on cherche ; il s’agit d’attester vous-mêmes vos souffrances. Parlez ! Sentez-vous dans l’enfant que vous portez une vie étrangère à la vôtre ? D’où vient le mouvement de vos entrailles ? Qui forme cette grossesse dont votre sein est ébranlé ? Qui déplace çà et là toute l’étendue du fardeau ? Ces mouvements sont-ils votre joie et votre bonheur le plus assuré, dans la confiance que votre enfant vit et se joue dans votre sein ? S’il cesse de tressaillir, ne commencez-vous pas à vous alarmer sur lui ? N’écoute-t-il pas en vous lorsqu’il bondit à quelque son nouveau ? N’est-ce point pour lui que vous éprouvez de vains désirs de nourriture ; pour lui encore que vous répugnez aux aliments ? Vos deux santés ne ressentent-elles pas tellement le contre-coup l’une de l’autre, que votre fruit est marqué dans votre sein et aux mêmes membres, des blessures qui vous atteignent, prenant ainsi part aux souffrances de sa mère !

Si les taches livides ou rouges proviennent du sang, il n’y a point de sang là où il n’y a point d’âme : si la maladie est une preuve que l’âme est présente, point de maladie là où il n’y a point d’âme. Si l’alimentation, la faim, l’accroissement, le décroissement, la peur, le mouvement sont