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avez les dieux des champs, la déesse des eaux, la déesse des sept collines. . . . . . Ici réunis. Là divisés. . . . . . Je ne parle pas d’Ascensus, dieu qui vous aide à monter, ni de Lévicola, qui préside aux pentes, ni de Forculus, sous la protection duquel sont les portes, ni de Cardéa, déesse des gonds, ni de Limentinus, auquel est consacré le seuil, ni enfin de tous ceux qu’adorent les portier. J’aurais tort de vous les reprocher, puisque vous avez des dieux pour les cuisines, pour les prisons, pour les lieux de débauche. . . . . pour les latrines. Il n’est pas un acte de la vie pour lequel les Romains aient oublié le ministère d’un dieu.

De plus, tous les dieux que nous venons de signaler étant particuliers aux Romains, et peu connus au dehors, comment peuvent-ils être chargés parmi toutes les nations et dans tout le genre humain, des fonctions que vous leur avez confiées, puisque leurs ministères, loin d’être honorés, n’y sont pas même connus ?

On me dira peut-être que plusieurs d’entre eux ont découvert des fruits et des aliments nécessaires à la vie. Mais, je vous le demande, affirmer qu’ils les ont découverts, n’est-ce pas déclarer que les objets de leur découverte existaient avant eux ? Pourquoi donc ne reportez-vous pas de préférence vos adorations vers le maître de ces dons, au lieu d’en adorer l’inventeur, qui lui-même a rendu grâces au Dieu dont il éprouva la bonté dans ce moment ? Personne à Rome ne connaissait la figue verte, lorsque Caton porta un de ces fruits dans le sénat pour démontrer plus clairement qu’une province, dont il demandait constamment la ruine, était presque aux portes de Rome. Cn. Pompée transporta le premier la cerise du Pont en Italie. . . . . . Cependant, ni Caton ni Pompée ne furent honorés comme des dieux par les Romains en reconnaissance de ce service, quoique la postérité fût plus digne que ses pères de figurer parmi les dieux, puisque l’antiquité est vaincue de toutes parts, et que le progrès du temps amène chaque jour des découvertes nouvelles. . . . . .