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elles à de monstrueuses indignités, si elles n’honorent pas ainsi les débauches d’Hercule ? Les poètes mentent, oui, sans doute, non pas quand ils prêtent aux hommes ces turpitudes, mais quand ils attribuent la divinité à des hommes souillés de pareilles turpitudes. Il vous était plus facile de croire que les hommes étaient dieux, mais sans avoir rien de commun avec ces infamies, que d’associer à ces infamies l’idée de la divinité.

VIII. Parmi ce peuple de dieux, il nous reste à parler de ces dieux que les peuples se sont créés par caprice ou ont admis sans aucun examen, d’après je ne sais quelles notions particulières. Dieu, j’imagine, doit être connu partout, présent partout, puissant partout, adoré partout, apaisé partout. Lors donc que ceux devant lesquels se courbe le plus généralement le monde tout entier sont inhabiles à prouver leur divinité, à plus forte raison ceux qui ne sont pas mêmes connus de leurs propres concitoyens. En effet, quelle autorité peut avoir pour elle cette théologie à laquelle la renommée fait défaut ? En connaissez-vous beaucoup qui aient jamais entendu parler de l’Atargatis des Syriens, de la Célestis d’Afrique, de là Varsutine des Maures, d’Obodas et de Dusarès chez les Arabes, de Bélénus en Noricie, ou de ceux que désigne Varron, un Delventinum chez les habitants de Casinies, un Visidianum chez les Narniens, un Numentinum dans la ville d’Athènes, une Ancharia et je ne sais quelle Préveris chez les Esculaniens, une Nortia chez ceux de Vulsinies, dont les noms ne peuvent même s’élever jusqu’à la dignité humaine ? [1] Je ne puis m’empêcher de rire à l’aspect de ces dieux décurions, adorés par chaque municipe, mais dont la gloire n’en dépasse pas les limites. Voulez-vous savoir jusqu’où a été poussée cette licence de se donner des dieux à sa fantaisie ? Interrogez les superstitions des Égyptiens, qui transforment en dieux leurs animaux,

  1. Allusion à tous ces noms de dieux, féminins ou neutres en latin.