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l’a frappé, mais à l’ennemi ou au brigand. Ceux qui souffrent de l’intempérie des saisons dans une chétive masure n’accusent ni les tuiles ni les crevasses, mais la vétusté de l’édifice ; de même que les naufragés, au lieu de maudire les écueils et les flots, maudissent la tempête. Ils ont raison ; car il est certain que tout ce qui arrive, il faut l’attribuer non pas à l’instrument, mais à celui qui le fait agir, parce que la responsabilité de l’événement retombe sur celui qui a établi la chose par laquelle il s’accomplit. Tout phénomène, quel qu’il soit, se compose de trois choses, le fait en lui-même, la cause et l’instrument : il est bien plus important de connaître la volonté qui veut, que l’instrument qui exécute. Partout ailleurs, vous remontez avec sagesse à l’auteur ; mais s’agit-il des phénomènes qui se passent sous vos yeux ? votre règle alors, en contradiction avec la nature et avec votre sagesse ordinaire, laisse de côté l’auteur pour ne considérer que l’instrument, et s’attache à ce qui arrive ; mais non à la volonté qui gouverne ce qui arrive. De là vient que vous prenez les éléments pour des puissances et des dominations, tandis qu’ils sont tout simplement des fonctions et des servitudes. Les éléments, au lieu d’être des maîtres, ne sont donc que des esclaves. Mais des dieux ne peuvent être esclaves : donc ceux qui sont esclaves ne peuvent être des dieux. Ou bien encore, que l’on nous montre comment la liberté naît de la servitude. Mais non, le pouvoir se reconnaît à la liberté, et l’idée de Dieu ne va pas sans celle de pouvoir. Si donc les astres roulent sur nos têtes d’après des lois immuables, enfermés dans des orbites certaines, assujettis à des vicissitudes réglées, pour engendrer le temps et en gouverner les diverses révolutions, l’examen de leurs lois, la régularité de leur retour, les bienfaits qui en résultent, vous persuaderont qu’un pouvoir supérieur préside à leurs mouvements, que tout l’ensemble de notre monde obéit à ce pouvoir, avec l’ordre de veiller à l’utilité du genre humain. . . . . . Que toutes ces créatures agissent pour elles-mêmes,