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monde se compose d’éléments. Le tout doit être de même nature que ses parties, et les parties de même nature que le tout. Il faut en outre qu’il ait été créé par quelqu’un, comme le veut la sagesse de Platon, ou qu’il n’ait été créé par personne, comme le pense cet absurde Épicure. S’il a été créé, dès qu’il a un commencement, il aura aussi une fin. D’où il suit que ce qui un jour n’existait point avant de commencer, un jour n’existera plus quand il aura fini. Mais, dès ce moment, je ne conçois plus un dieu auquel manque la substance même de la divinité, je veux dire l’éternité, qui n’a ni commencement ni fin. S’il est vrai, au contraire, qu’il n’ait pas commencé, et qu’il faille le regarder comme Dieu, par la raison qu’en sa qualité de Dieu il n’admet ni commencement ni fin, comment se fait-il que plusieurs assignent une génération à ces éléments qu’ils convertissent en dieux, puisque les Stoïciens nient qu’un dieu puisse engendrer ? De même, comment appeler dieux ceux qui sont nés des éléments, puisque ces mêmes philosophes démontrent qu’un dieu ne peut naître ? Or, ce qui est vrai du monde entier sera vrai aussi de ses éléments, c’est-à-dire du ciel, de la terre, des astres et du feu. Vainement donc Varron, qui avait dit ailleurs que le ciel et les astres sont des êtres animés, nous propose de regarder tous ces éléments comme des dieux ou comme les pères des dieux, qui ne peuvent avoir ni ancêtres ni postérité, puisqu’ils ne peuvent engendrer. S’il en est ainsi, il faut nécessairement qu’ils soient mortels, car la mort est la condition de la vie animale. L’âme est immortelle, oui, sans doute, mais c’est à elle qu’appartient l’immortalité, et non au corps qui lui est associé. Or, que le corps soit sujet à la mort, personne ne le niera, puisque nous touchons certains corps, puisque nous sommes touchés par d’autres, et que tous les jours ils disparaissent sous nos yeux. Si donc les animaux, en laissant de côté le principe de l’âme, sont mortels en tant qu’ils sont corps, il s’ensuit que les éléments ne sont pas des dieux. D’où