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AUX NATIONS.


LIVRE II.

I. Maintenant, ô Nations, bien dignes de pitié, notre justification demande que nous nous mesurions avec vous, et que nous en appelions à votre conscience pour savoir si vos idoles sont des dieux véritables, comme vous l’affirmez, ou des dieux chimériques, comme vous ne voulez pas le savoir. Car telle est l’opiniâtreté naturelle à l’erreur, grâce au père du mensonge, que ceux qu’elle aveugle ne veulent pas en sortir, et par là se rendent plus coupables. Ils ont des yeux, et ils ne voient pas ; ils ont des oreilles, et ils n’entendent pas ; leur cœur, quoiqu’il batte, est insensible ; leur esprit ne reconnaît pas ce qu’il voit. En un mot, si l’on voulait, par une simple fin de non recevoir, écarter tous ces dieux menteurs, il suffirait de prononcer qu’ils ont tous été inventés ou établis par les hommes, qu’ils n’existent pas par eux-mêmes. . . . . conséquemment que cette condition est incompatible avec l’idée que l’on doit se former d’une divinité véritable. Il n’y a que ce qui n’a jamais commencé que l’on puisse à bon droit regarder comme un Dieu. Mais, hélas ! que de préjugés endurcissent la délicatesse de la conscience dans la stupeur d’une erreur volontaire ! La vérité est attaquée par une main immense ; toutefois elle a confiance dans sa force. Et