Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/505

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous reconnaissons volontiers la foi romaine envers ses empereurs. Jamais il n’éclata contre eux de conspiration ; dans le sénat, au sein de leurs palais, jamais un scélérat ne rougit sa main de leur sang ; jamais dans les provinces on n’usurpa la pourpre impériale. Les deux Syries exhalent encore l’odeur de leurs cadavres ; les Gaules n’ont pas encore lavé ces flots de sang dans les eaux de leur Rhône.

Mais laissons de côté ces barbaries, puisque le nom romain n’en est pas coupable. Voyons ce que fait le vrai peuple de la Rome impériale, et comment il témoigne sa vénération. Ce qu’il fait ! demandez-le à ces libelles satiriques que connaissent vos statues, à ces allusions détournées, à ces plaisanteries mordantes qui retentissent dans les amphithéâtres : peuple dont l’épée est soumise, dont la langue est toujours en révolte. Mais ne point jurer par le génie de César est un bien plus grand crime, n’est-ce pas ? En effet, on sait que vous reculeriez à vous parjurer par les Empereurs, vous qui jurez avec tant de conscience par vos dieux ! Mais nous ne consentons pas à dire, le dieu César. A ce mot, nous faisons la grimace, comme s’exprime le proverbe. Mais vous, pourquoi insultez-vous César en l’appelant dieu, puisque vous dites ce qui n’est pas ? Pourquoi le calomniez-vous, puisqu’il ne veut pas être ce que vous dites ? Car il aime mieux vivre, que devenir dieu.

XVIII. Vous rangez sous un autre grief tout ce que vous reprochez à notre obstination. Notre insensibilité et notre mépris pour la mort acceptent, dites-vous, les glaives, les croix, les bêtes féroces, les bûchers et les tortures. Mais vos devanciers et vos ancêtres dédaignèrent comme nous tous ces supplices, et leur vertu, vous l’appelez courage : et non entêtement. Combien d’hommes ont couru volontairement au-devant des épées ? Il serait trop long de les compter. Quant à votre Régulus, il a consacré volontiers la croix, nouvelle alors pour vous, et précédée par de longues et