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et leur preuve, d’où l’on reconnaît que l’âme est fille de Dieu plutôt que de la matière. Nous ne ferons que les nommer ici, pour ne pas sembler les avoir passées sous silence. En effet, nous lui avons assigné le libre arbitre, comme nous l’écrivions plus haut, l’empire sur les choses, la divination quelquefois, sans préjudice de l’inspiration prophétique qui lui arrive par la grâce de Dieu. J’abandonnerai donc le développement de cette question, pour n’en présenter que l’ensemble. L’âme, selon nous, est née du souffle de Dieu, immortelle, corporelle, ayant une forme, simple dans sa substance, intelligente par elle-même, développant ses forces diversement, libre dans ses déterminations, sujette aux changements, capable de se modifier par ses différentes cultures, raisonnable, souveraine, riche de pressentiments, et dérivant d’une seule et même âme. Il nous reste maintenant à considérer comment elle dérive d’une seule et même âme, c’est-à-dire d’où, quand et comment elle a été produite.

XXIII. Quelques-uns croient que l’âme est descendue des cieux, avec d’autant plus de conviction qu’ils promettent, comme chose indubitable, qu’ils y retourneront. Ainsi l’a suggéré Saturnin, disciple de Ménandre, qui appartient à la secte de Simon, quand il affirme que l’homme fut créé par les anges, et qu’œuvre futile d’abord, débile et sans consistance, il rampa sur la terre à la manière du reptile, parce que les forces lui manquaient pour se tenir debout. Dans la suite, la miséricorde de la souveraine puissance, à l’image de laquelle, mais image imparfaite, il avait été témérairement créé, lui communiqua une légère étincelle de sa vie, qui excita, redressa et anima plus énergiquement cette créature avortée, et doit après sa mort la ramener à son principe. Carpocrate va plus loin. Il s’attribue si bien une nature supérieure, que ses disciples assimilent leurs âmes et, lorsqu’il leur en prend fantaisie, les préfèrent à l’âme du Christ, à plus forte raison des Apôtres, comme les ayant reçues d’une puissance plus relevée,