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Il n’est pas besoin de nous arrêter longtemps sur ce point, puisqu’en vertu d’une prescription naturelle, tout genre, quel qu’il soit, rapporte son principe à l’origine, et que le genre est compris dans l’origine, ainsi que l’origine renfermée dans le genre. Si donc, dans le principe de vos dieux, vous adorez l’origine des croix, voilà le noyau et le grain primordial de qui est venue parmi vous cette forêt de simulacres. Nous en avons tous les jours des exemples. Vous adorez les Victoires, divinités d’autant plus augustes, qu’elles sont une source de joie… Mais en adorant les Victoires, vous adorez les croix qui sont au milieu des trophées. Vos armées révèrent leurs enseignes, jurent par elles, les préfèrent même à Jupiter. Ces images superbes, cet éclat de l’or, ces étoffes précieuses et ces voiles qui flottent autour de vos drapeaux et de vos étendards, qui sont aussi sacrés pour vos armées que les dieux eux-mêmes, sont destinés à enrichir et à décorer les croix. Vous rougissez, ce semble, de les adorer nues et sans ornements.

XIII. D’autres, avec un peu plus de vraisemblance et de raison, s’imaginent que le soleil est notre Dieu, soit parce qu’ils savent que nous nous tournons vers l’Orient pour prier, soit parce que le jour du Soleil est pour nous un jour de joie et de fête. Mais ne voit-on pas la plupart d’entre vous, tournés vers le soleil levant, affecter d’adorer le ciel, et de remuer les lèvres ? N’est-ce pas vous du moins qui avez donné à un des jours de la semaine le nom du Soleil ? Ce jour-là vous vous abstenez complètement du bain, ou bien vous le différez jusqu’au soir, vous vous livrez au repos ou aux festins, toutes choses que vous faites en vous éloignant de l’esprit de votre culte pour vous rapprocher des religions étrangères. Car les Juifs célèbrent des fêtes, des sabbats, des banquets avec des pains sans levain, des jeûnes avec des azymes, allument des flambeaux, et offrent des prières expiatoires, quoique tout cela ne ressemble guère à vos dieux. Ainsi, pour quitter