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que, par reconnaissance pour ce bienfait, ils honoraient l’image de ces animaux. De là on a conclu, si je ne me trompe, que les Chrétiens, rapprochés par leur religion du culte judaïque, adoraient la même idole. Mais ce même Tacite, si fertile en mensonges, oubliant son affirmation de tout à l’heure, rapporte un peu plus loin que le grand Pompée, après avoir vaincu et fait prisonnier les Juifs, entra dans le temple de Jérusalem, et malgré des recherches minutieuses, n’y trouva aucun simulacre. Où devait donc résider ce dieu ? Sa place était surtout dans ce temple célèbre fermé à tous, excepté aux prêtres, et où il n’y avait à craindre aucun regard étranger. Mais pourquoi nous justifier ? Je n’ai promis pour le moment que des aveux pour attester que toutes les accusations retombent sur vous. Que notre Dieu soit le simulacre d’un âne, d’accord. Nierez-vous du moins que vous en fassiez autant ? Il est certain que vous adorez toute la race des ânes, et avec leur déesse Epone, toutes les bêtes de somme, tous les troupeaux, tous les animaux, que vous consacrez eux et leurs étables. Voilà peut-être ce que vous reprochez aux Chrétiens, c’est que parmi ces adorateurs de toute sorte d’animaux, nous nous bornons à adorer l’âne.

XII. Quant à ceux qui prétendent que nous adorons une croix, ils sont de la même religion que nous. La qualité de la Croix est d’être chez nous un étendard de bois. Vous, vous adorez la même matière sous toutes ses transformations. Votre étendard, à vous, a une figure humaine ; le nôtre a sa figure particulière : qu’importent les linéaments, pourvu que la qualité soit identique ? qu’importe la forme, pourvu que le corps du Dieu soit le même ? Si vous disputez sur la différence, y a-t-il grande différence d’une croix à la Pallas athénienne, à la Cérès du Phare, qui n’est autre chose qu’une pièce de bois grossière, informe et sans figure ? Tout poteau dressé en l’air est la moitié d’une croix, et même la moitié la plus forte. Vous nous reprochez d’adorer une croix complète avec son antenne et