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autrefois que ténèbres ; et nous-mêmes, par notre naissance, nous avons été des enfants de colère.—Vous avez vécu autrefois dans les mêmes désordres, mais vous avez été purifiés. » Toutefois jamais les oracles sacrés ne seront en désaccord. Il est bien vrai « qu’un arbre mauvais ne donnera jamais de bons fruits, » s’il n’est pas greffé ; « qu’un arbre bon en produira de mauvais, » s’il n’est pas cultivé ; « que les pierres deviendront les enfants d’Abraham, » si elles sont instruites dans sa foi ; qu’enfin les races de vipères produiront des fruits de pénitence, » si elles rejettent le poison de la malice. Telle sera la vertu de la grâce divine, plus puissante que la nature, exerçant son empire sur la faculté qui réside au fond de nous-mêmes et que nous appelons le libre arbitre. Etant elle-même inhérente à la nature et susceptible de modification, partout où elle incline, elle incline naturellement. Que le libre arbitre soit en nous une faculté inhérente à la nature, nous l’avons déjà prouvé à Marcion et à Hermogène.

Qu’ajouter maintenant ? Si l’universalité des êtres est renfermée dans cette double catégorie, ce qui a pris naissance et ce qui n’est pas né, ce qui a été fait et ce qui ne l’a point été, il suit de là que la nature de ce qui a certainement pris naissance et a été fait, est susceptible de changer ; car il pourra renaître et se rétablir dans son premier état. Au contraire, ce qui n’est pas né, ce qui n’a pas été fait, demeurera immuable. Comme ce privilège n’appartient qu’à Dieu, parce que seul il n’est pas né et n’a pas été fait, seul par conséquent éternel et immuable, la question est décidée. La nature de tous les êtres qui sont nés et ont été faits, est susceptible de modification et de changement, de sorte que, fallût-il même accorder à l’âme une triple propriété, elle serait une modification accidentelle, mais non une institution primordiale de la nature.

XXII. Hermogène a entendu de notre bouche, quelles sont les autres facultés naturelles de l’âme, avec leur défense