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encore ici la trinité de Valentin, puisqu’on ne la reconnaît pas telle dans Adam. En effet, qu’y avait-il en lui de spirituel ? Il a beau prophétiser « que ce sacrement était grand parce qu’il figurait le Christ et l’Église, » quand il dit : « Voilà maintenant l’os de mes os et la chaude ma chair : celle-ci s’appellera femme ; c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair, » ceci n’arriva que postérieurement, lorsque Dieu fit descendre sur lui l’extase, force spirituelle, par laquelle a lieu la prophétie. Si le mal de la transgression apparut en lui, il ne faut pas non plus le mettre sur le compte de la nature, parce qu’il agit d’après l’instigation du serpent, mal qui n’est pas plus dans sa nature que dans la matière, puisque nous avons déjà écarté le principe de la matière préexistante[1]. Que s’il n’avait en propre, ni le principe spirituel, ni le principe appelé matériel (car s’il eût été créé avec la matière, la semence du mal eût été en lui), il reste qu’il ait eu seulement en lui comme inhérent à sa nature, le principe animé que nous soutenons simple et uniforme dans son essence.

Ici il s’agit de chercher si. l’on doit regarder comme susceptible de changement ce qui est inhérent à la nature. Les mêmes hérétiques nient que la nature puisse se modifier, pour établir leur trinité dans chacune de ses propriétés : « Un arbre bon ne portera pas de mauvais fruits, disent-ils, m un arbre mauvais de bons. Personne ne cueille des figues sur des ronces, ni des raisins sur des chardons. » Conséquemment, s’il en va ainsi, « Dieu ne pourra des pierres susciter des fils à Abraham ; les races de vipères ne pourront produire des fruits de pénitence. » L’Apôtre aussi s’est trompé quand il a écrit : « Vous n’étiez

  1. Dans le livre contre Hermogène, de Censu animée. Hermogène prétendait que Dieu n’avait pu créer l’univers sans une matière préexistante, nécessairement mauvaise.