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pitié de l'erreur humaine, et lisons dans l'avenir dont nous voyons tous les jours les signes avant-coureurs, nous avons cru nécessaire de vous avertir par cette voie de ce que vous ne voulez pas entendre en face.

II. Nous adorons un seul Dieu, celui que vous connaissez tous par les lumières de la nature, dont les éclairs et les tonnerres vous épouvantent, dont les bienfaits réjouissent vos cœurs. Vous regardez aussi comme des dieux ceux que nous savons n'être que des démons. Toutefois, chaque homme reçoit de la loi et de la nature la liberté d'adorer ce que bon lui semble: quel mal ou quel bien fait à autrui ma religion? Il est contraire à la religion de contraindre à la religion, qui doit être embrassée volontairement et non par force, puisque tout sacrifice demande le consentement du cœur. Aussi quand même vous nous forceriez de sacrifier, il n'en reviendrait aucun honneur à vos dieux, qui ne peuvent se plaire à des sacrifices arrachés par la contrainte, à moins qu'ils n'aiment la violence. Or, un Dieu n'aime pas la violence! Le Dieu véritable accorde indistinctement ses bienfaits aux profanes et à ses serviteurs. Voilà pourquoi aussi il a établi un jugement éternel pour l'ingratitude ou la reconnaissance.

Nous sommes des sacrilèges, dites-vous! Nous avez-vous jamais convaincus de vol, encore moins de sacrilége? Tous ceux qui, en dépouillant les temples, ne laissent pas de jurer par les dieux, et de les honorer, ne sont pas Chrétiens, ce qui ne les empêche pas d'être convaincus de sacrilège. Il serait trop long de vous rappeler en combien de manières les adorateurs de vos dieux les insultent et les couvrent de mépris.

On nous accuse encore d'outrager la majesté de l'Empereur. Avez-vous jamais trouvé cependant des Albinus, des Niger, des Cassius parmi les Chrétiens? Quels étaient donc les ennemis de l'Empereur? Ceux-là même qui la veille juraient encore par leurs génies, qui sacrifiaient des victimes pour leur salut, qui en promettaient de nouvelles, et