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avec une grande solennité ? La, dans un sacrifice, au pied de l’autel, des jeunes gens de distinction sont battus de verges en présence de leurs parents et de leurs proches, qui les encouragent à persévérer jusqu’à la fin. Le triomphe le plus glorieux, c’est que l’aine succombe à la flagellation avant le corps. Si donc la gloire terrestre peut inspirer à l’âme et au corps assez de vigueur pour mépriser le glaive, la croix, les bêtes féroces, les tortures, afin de recueillir quelques louanges humaines, avouons-le, « les souffrances de la vie présente sont peu de choses en comparaison de la gloire céleste et des récompenses divines. » Si l’on poursuit avec tant d’ardeur le verre, que sera-ce des perles ! Qui refuserait de faire autant pour la réalité que les autres pour des chimères ?

V. Mais je passe ici sous silence la gloire mondaine. Ne voit-on pas aujourd’hui des hommes fouler aux pieds avec un misérable orgueil, et par je ne sais quelle maladie de l’âme, toutes les privations et toutes les cruautés de la lutte ? Que d’oisifs une brutale démence pousse au métier de gladiateur ! N’est-ce pas la vaine gloire qui les expose à la dent des bêtes féroces ? d’autant plus beaux, ce leur semble, qu’ils sont sillonnés de morsures et de cicatrices. Les uns se sont engagés à parcourir un certain espace sous une tunique enflammée, les autres marchent avec une fermeté stoïque sous les coups qui pleuvent sur leurs patientes épaules. Ce n’est pas en vain, bienheureux confesseurs, que Dieu a permis ces exemples dans le monde ; c’est pour nous encourager aujourd’hui et nous confondre au dernier jour. Malheur à nous, si nous craignons de souffrir pour la vérité et le salut ; les maux que d’autres recherchent pour la vanité et la perdition !

VI. Mais laissons ces prodiges de constance qu’enfante une misérable ambition ! Considérons seulement la condition de la nature humaine ; elle nous apprendra certainement à supporter courageusement des maux qui arrivent le plus souvent malgré nous. Combien de victimes consumées