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Aux Martyrs[1]

I. Bienheureux martyrs désignés, pendant que l’Église, notre mère et notre maîtresse, vous nourrit du lait de sa charité, et que le généreux désintéressement de vos frères apporte dans votre prison de quoi soutenir la vie du corps, permettez-moi aussi de contribuer pour ma part à la nourriture de votre âme. Vous le savez, engraisser la chair et laisser jeûner l’esprit, ne sert à rien. Il y a mieux : si l’on soigne ce qui est faible, à plus forte raison ne faut-il pas négliger ce qui est plus faible encore. Mais qui suis-je pour oser vous encourager ? Toutefois, les gladiateurs les plus consommés dans leur art permettent non-seulement aux maîtres de la science et à leurs chefs, mais encore aux ignorants et aux inhabiles, de leur adresser des exhortations. Le peuple lui-même les anime de loin, et quelquefois utilement.

Je vous recommanderai avant tout, bienheureux confesseurs, de ne pas « contrister l’Esprit saint » qui est entré avec vous dans la prison. S’il n’y était pas entré avec vous, certainement vous n’y seriez pas enfermés aujourd’hui. Travaillez donc à ce qu’il demeure toujours avec vous,

  1. On donnait, dans la primitive Église, le nom de martyrs, non-seulement à ceux qui avaient péri dans les supplices pour la foi, mais encore à ceux qui avaient persévéré dans leur confession.