Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/44

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Mais d’où leur viendraient et l’inoculation des bourgeons, et la formation des feuilles, et le gonflement des germes, et l’ornement des fleurs, et la saveur des sucs, si l’énergie nécessaire à leur reproduction ne reposait en eux-mêmes, accrue insensiblement par le temps ? Les arbres connaissent donc par le même principe que celui de leur vie, par la propriété qu’ils ont de vivre qui est aussi celle de connaître, et cela même dès leur enfance. En effet, quand la vigne est encore jeune et faible, je la vois néanmoins pleine d’intelligence dans ses œuvres, chercher autour d’elle quelque protecteur pour s’appuyer, et se fortifier en s’enlaçant à lui. Enfin, sans attendre l’éducation du laboureur, sans roseau, sans ramure qui la soutienne, elle s’attache d’elle-même à ce qu’elle rencontre, et avec bien plus d’énergie par son propre naturel que par ta direction. Elle se hâte d’assurer sa sécurité. Même instinct dans le lierre : si jeune que tu le supposes, il aspire à monter et se suspend dans les airs sans aucun secours étranger, aimant mieux circuler le long des murailles, auxquelles il s’unit par le luxe de son feuillage, que de ramper sur la terre, pour y être insulté volontairement. Au contraire, l’arbuste auquel nuit le voisinage d’un édifice, comme il s’en éloigne à mesure qu’il grandit ! comme il se retire de cette ombre ! on sent que ces rameaux étaient destinés à l’indépendance ; à ce soin qu’il met à fuir la muraille, on comprend que l’arbre a une âme, contenue dans cette faible plante qu’elle a instruite et dirigée dès le commencement, veillant toujours à sa conservation. Pourquoi n’aurais-je pas la sagesse et la science des arbres ? Qu’ils vivent comme le veulent les philosophes ; qu’ils connaissent comme ne le veulent pas les philosophes ; toujours est-il que l’arbuste, à son origine, est intelligent, à plus forte raison, l’homme, dont l’âme, tirée de la matrice d’Adam, comme le sarment qui se propage par le provin, et confiée à l’utérus de la femme avec toutes ses facultés, développera en elle l’intellect non moins que le sentiment ? Je me trompe, ou