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TERTULLIEN.


de l’honneur des morts à l’honneur des vivants, je veux dire des questeurs, des magistrats, des pontifes et des flamines, comme ces dignités touchent à l’idolâtrie, tout ce qui se pratique sous le voile de ces dignités doit être nécessairement souillé et corrompu, puisque la source en est infecte. Même reproche à l’appareil qui accompagne ces honneurs. La pourpre, les bandelettes, les couronnes, les harangues, les proclamations, les festins de la veille, qu’est-ce que tout cela, sinon la pompe de Satan, sinon les plaisirs des démons ? Que dire de ce lieu exécrable, dont les parjures ne rachètent pas l’infamie ? En effet, dans l’amphithéâtre siégent des divinités plus cruelles et plus nombreuses que dans le Capitole lui-même. Il est le temple de tous les démons. Là autant d’esprits immondes que d’hommes. Enfin, pour achever ce qui concerne les arts, Mars et Vénus président aux deux exercices de l’amphithéâtre.

XIII. Il est suffisamment démontré, j’imagine, en combien de manières les spectacles sont coupables d’idolâtrie, par l’origine, les titres, l’appareil et le lieu. Quant aux sacrifices, nous sommes certains qu’ils ne conviennent nullement à des Chrétiens qui ont renoncé deux fois aux idoles. « Non pas, suivant le langage de l’Apôtre, qu’une idole soit quelque chose dans le monde, mais parce que les sacrifices offerts aux idoles s’adressent aux démons qui habitent dans ces idoles, soit qu’elles représentent des morts, ou ce qu’on appelle des dieux. Or, ces deux espèces d’idoles étant de semblable nature, puisque morts et dieux ne sont qu’une même chose, nous nous interdisons également l’une et l’autre idolâtrie. Nous tenons en égal mépris les temples des dieux et les sépulcres des morts. Nous n’approchons pas plus des autels de ceux-là, que nous n’adorons les images de ceux-ci. Nous ne faisons pas plus de sacrifices aux uns que d’offrandes aux autres ; nous ne mangeons pas plus la chair des victimes immolées aux premiers que les viandes présentées aux