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qu’une énergie de l’âme ; ni la respiration autre chose que ce que l’âme est elle-même par le souffle. D’ailleurs, que par la suite Dieu ou le démon lui fassent sentir leur souffle, il faut n’y voir qu’une chose surajoutée. Et maintenant nous n’admettons d’autre distinction entre le sentiment et l’intellect que les diversités des choses elles-mêmes, corporelles et spirituelles, visibles et invisibles, manifestes et cachées, parce que les premières sont attribuées au sentiment, les secondes à l’intellect, de manière cependant que les unes et les autres aient leur siège dans l’âme qui sent les choses corporelles par le corps, de même qu’elle comprend les choses spirituelles par l’esprit, sauf qu’elle sent aussi pendant qu’elle comprend. Car sentir, n’est-ce pas comprendre ? et comprendre, n’est-ce pas sentir ? Ou bien, que sera le sentiment, sinon la compréhension de l’objet senti ? Que sera la compréhension, sinon le sentiment de l’objet compris ? Pourquoi tant de fatigues pour torturer la simplicité et crucifier la vérité ? Qui me montrera un sens ne comprenant pas ce qu’il sent ? ou un intellect qui ne sent pas ce qu’il comprend, afin de me prouver par là que l’un peut subsister sans l’autre ? Si les choses corporelles sont senties et les incorporelles comprises, cela tient à la diversité des choses et non à la diversité du domicile du sens et de l’intellect, c’est-à-dire que l’âme et l’esprit ne diffèrent pas.

Enfin par qui sont senties les choses corporelles ? Si c’est par l’esprit, donc l’esprit est aussi sensible et non pas seulement intellectuel ; car en comprenant il sent, puisque s’il ne comprend pas il ne sent pas. De même, par qui sont comprises les choses incorporelles ? Si c’est par l’esprit, où sera l’âme ? si c’est par l’âme, où sera l’esprit ? Car les choses qui diffèrent doivent être réciproquement distantes, lorsqu’elles vaquent à leurs fonctions. Tu penseras que l’esprit est loin de l’âme, s’il nous arrive d’être affectés par l’esprit, de manière à ignorer que nous avons vu, ou entendu, parce que l’esprit était ailleurs. A ce prix, je soutiendrai