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avait pas vécu dans une chair réelle. Fantôme véritable, il n’avait eu que les apparences de la douleur. Quant à la résurrection de la chair, elle n’aurait pas lieu.

L’hérétique Basilide lui succéda. Il prétend qu’il existe un Dieu souverain, nommé Abraxas[1], duquel émana l’Esprit, qu’en grec il appelle Nou~j. Ensuite naquit le Verbe ; du Verbe la Providence ; de la Providence la Vertu et la Sagesse. Celles-ci engendrèrent par la suite les Principautés, les Puissances, les anges, et une multitude infinie d’anges. Ce sont ces mêmes anges qui créèrent les trois cent soixante-cinq deux, et le monde en l’honneur d’Abraxas, dont celui-ci portait en lui-même le nom numérique. Parmi les derniers anges qui avaient formé le monde, il place comme le plus récent de tous le Dieu des Juifs, c’est-à-dire le Dieu de la Loi et des Prophètes, qui n’est pas dieu, dit-il, et qui n’est qu’un ange. La postérité d’Abraham lui échut en partage ; voilà pourquoi il tira de la terre d’Égypte les enfants d’Israël pour les transporter dans la terre de Chanaan. Il est le plus turbulent de tous les anges ; de là vient que, non content de susciter des séditions et des guerres fréquentes, il verse le sang humain. Alors le Christ descendit sous une forme fantastique, envoyé non par celui qui avait créé ce monde, mais par le grand Abraxas. La chair ne fut pas réelle chez lui. Ce n’est pas lui que les Juifs ont mis à mort ; Simon a été crucifié à sa place. Par conséquent, il ne faut pas croire à celui qui a été crucifié ; sans quoi ce serait avouer que l’on croit en Simon. Du reste, Basilide supprime le martyre. Il s’élève fortement contre la résurrection de la chair, en niant que le salut ait été promis aux corps.

Un autre hérétique surgit ; c’est Nicolas. Il était compté parmi les sept diacres qui furent choisis dans les Actes des Apôtres. Il soutint que les Ténèbres convoitèrent la Lumiere

  1. Abraxas équivaut à 365, dans le système de numération grecque.