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doit se trouver sans doute l’altération des Ecritures. Ceux qui ont formé le projet de changer l’enseignement, se sont vus forcés d’en changer aussi les sources. Eh ! comment introduire une nouvelle doctrine, sans avoir de quoi la fonder ? Mais comme la corruption de la doctrine supposait déjà celle des livres dépositaires de la doctrine, nous ne pouvions non plus la conserver pure et saine sans conserver ces livres dans toute leur intégrité. Nos Ecritures auraient-elles donc contenu quelque chose qui nous fût contraire ? Aurions-nous eu besoin, pour nous en débarrasser, pour établir des systèmes qu’elles renversaient, de changer, de tronquer, d’interpoler ? Ce que nous sommes, les Ecritures le sont, et dès leur origine. Nous sommes Chrétiens par elles, avant qu’il y eût rien qui nous fut contraire, avant que vous eussiez pu les altérer. Toute altération a pour principe la haine et l’envie, nécessairement postérieures et étrangères à l’objet altéré. Ainsi, un homme sensé ne pourra jamais se persuader que nous, qui sommes nés avec les Ecritures, nous les ayons corrompues plutôt que leurs ennemis, qui sont venus après elles. L’un, en effet, a corrompu le texte, l’autre le sens. Et bien que Valentin semble recevoir l’Ancien Testament tout entier, dans le fond il n’est pas moins ennemi de la vérité que Marcion : il est plus artificieux. Marcion, le fer à la main au lieu du stylet, a mis en pièces toutes les Ecritures, pour donner du poids à son système. Valentin a eu l’air de les épargner, et de chercher moins à les accommoder à ses erreurs, qu’à concilier ses erreurs avec elles ; et cependant il a plus retranché, plus interpolé que Marcion, en ôtant à tous les mots leur énergie et leur signification naturelle, pour leur donner des sens forcés, et en imaginant tous ces êtres invisibles et fantastiques.

XXXIX. Ce sont là les esprits pervers avec qui nous avons à combattre, que nous devons par conséquent connaître : ils sont nécessaires à la foi, pour faire le discernement des élus et des réprouvés. C’est pour cette raison qu’