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que la résurrection est déjà faite : les Valentiniens l’assurent par rapport à eux. Lorsqu’il parle de généalogies sans fin, on reconnaît aussitôt Valentin. Suivant lui, un je ne sais quel Eon, à qui il donne un nom bizarre, et même plusieurs noms, engendre de sa Grâce le Sens et la Vérité ; le Sens et la Vérité engendrent le Verbe et la Vie, qui engendrent l’Homme et l’Église. Voilà la première huitaine d’Eons, dont naquirent dix autres Eons, et enfin douze, appelés des noms les plus singuliers, pour compléter la fable des trente Eons. L’Apôtre blâmant ceux qui rendent un culte aux éléments, désigne Hermogène, imaginant une matière éternelle qu’il met en parallèle avec le Dieu éternel, et qu’il fait la mère et la déesse des éléments : il n’est pas étonnant, après cela, qu’il lui rende aussi un culte. Jean, dans l’Apocalypse, menace ceux qui mangent des viandes offertes aux idoles, et qui s’abandonnent à l’impureté. Il y a actuellement encore d’autres Nicolaïtes, qu’on appelle Caïniens ; et, dans ses Epîtres, il traite d’antechrist quiconque nie que Jésus-Christ se soit incarné, et ne le reconnaît pas pour le Fils de Dieu. Marcion soutient la première erreur, Ebion la seconde. L’Apôtre Pierre regardait comme une espèce d’idolâtrie, et condamna, dans Simon, la magie qui rend un culte aux anges.

XXXIV. Voilà, ce me semble, les différentes sortes de fausses doctrines qui étaient déjà connues du temps des Apôtres, comme les Apôtres eux-mêmes nous l’apprennent. Cependant, parmi tant de diversités de sectes, il n’en est pas une qui ait osé s’attaquer au Dieu créateur de l’univers. Personne n’avait osé soupçonner même un autre dieu ; c’était plutôt sur le Fils que sur le Père qu’on se permettait des doutes, jusqu’à ce que Marcion, outre le Créateur, imaginât un autre dieu, qui est le bon principe ; jusqu’à ce qu’Apelles soutînt que le Créateur était un ange du souverain Dieu, d’une substance ignée, le dieu de la loi et des Juifs ; jusqu’à ce que Valentin semât, pour ainsi dire,