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même qu’il n’y a plus rien à croire. Je viens à une objection dont les nôtres se servent pour autoriser leur curiosité, et les hérétiques pour nous embarrasser. Il est écrit, dit-on : « Cherchez, et vous trouverez. » Faisons attention au temps dans lequel Jésus-Christ dit ces paroles : c’était dans les commencements de sa prédication, lorsque tout le monde doutait s’il était le Christ, lorsque Pierre n’avait pas encore déclaré qu’il le reconnaissait pour le Fils de Dieu, lorsque Jean, qui en était assuré, venait de mourir. C’est donc avec bien de la raison que Jésus-Christ disait : « Cherchez, et vous trouverez, » lorsque, n’étant pas encore connu, il fallait nécessairement le chercher. Au reste, tout ceci regarde les Juifs, qui avaient où chercher le Christ. Ils ont, disait-il lui-même, Moïse et Elie, c’est-à-dire la loi et les prophètes qui annoncent Jésus-Christ. C’est ce qu’il dit encore plus ouvertement ailleurs : « Sondez les Ecritures, dont vous espérez le salut, car elles parlent de moi ; » c’est-à-dire, « cherchez et vous trouverez. » Il est évident que la suite du texte s’adresse aux Juifs : « Frappez et on vous ouvrira. » Autrefois les Juifs seuls étaient dans l’Église de Dieu, d’où ils furent chassés pour leur infidélité. Les Gentils, au contraire, en étaient exclus, à un très-petit nombre près, qu’on peut comparer à une goutte d’eau ou à un grain de poussière. Or, celui qui a toujours été dehors frappera-t-il où il n’a jamais été ? Connaît-il une porte où il n’a point été admis, par laquelle même il n’est jamais sorti ? Mais celui qui a été introduit et chassé dans la suite connaît la porte et peut y frapper. Les paroles suivantes, « Demandez et vous recevrez, » conviennent à ceux qui savaient à qui ils devaient demander, et qui avaient de lui des promesses ; je veux dire le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, que les Gentils ne connaissaient pas plus que ses promesses. C’est pourquoi le Sauveur disait : « Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Il ne jetait pas encore aux chiens le pain des enfants, il n’avait pas encore ordonné d’aller chez