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la récompense ou le châtiment que chacun de nous aura mérité ; éternellement heureux, éternellement malheureux. Alors plus de mort, plus de résurrection nouvelle ! Rendus à la chair que nous habitons aujourd’hui, nous ne changerons plus. Les fidèles adorateurs de Dieu, revêtus de la substance de l’immortalité, jouiront éternellement de Dieu ; les profanes, tous ceux qui ne seront pas irréprochables devant lui, seront condamnés à des flammes également immortelles, auxquelles il communique sa divine substance et qui ont la vertu de rendre incorruptible. Vos philosophes même ont reconnu la différence entre le feu que nous voyons et celui que nous ne voyons pas, entre le feu qui sert à l’usage de l’homme, et celui que Dieu allume pour ses vengeances, soit que le dernier éclate dans la foudre, soit qu’il gronde dans la terre et s’élance par les ouvertures des montagnes. Ce feu miraculeux ne consume pas ce qu’il dévore ; il répare à mesure qu’il détruit. Ainsi les montagnes brûlent toujours sans jamais se consumer ; ainsi celui qui est frappé de la foudre parmi vous ne tombera plus en cendres sous le feu humain. Image sensible, témoignage toujours subsistant de ce feu indestructible qui alimente le châtiment ! Puisque les montagnes brûlent toujours et ne se consument jamais, pourquoi les pécheurs et les ennemis de Dieu ne pourraient-ils pas toujours souffrir et toujours vivre, brûler sans cesse et vivre sans fin ?

XLIX. — Ces dogmes, vous ne les traitez de préjugés que parmi nous. Chez les philosophes et les poètes, ce sont des connaissances sublimes. Ils sont tous des génies du premier ordre, des sages par excellence. Pour nous, nous ne sommes que des idiots. A eux l’estime et les honneurs ! à nous le mépris, l’insulte, et qui plus est, le châtiment !

Préjugés, tant qu’il vous plaira ! Absurdités, si vous le trouvez bon ! Mais ils n’en sont ni moins nécessaires, ni moins utiles, puisque, par la crainte de supplices éternels, ou par l’espoir d’une récompense sans fin, ils obligent à devenir meilleur quiconque les croit. Ne venez donc plus traiter