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Lequel creuse avec plus de sagacité et plus profondément dans le cœur humain, de celui qui interdit l’action mauvaise, ou de celui qui interdit la parole malveillante ; de celui qui défend le mal, ou de celui qui défend les représailles ? Et remarquez-le bien, ce que vos lois renferment de bon, elles l’ont emprunté à une loi plus ancienne, à la loi divine ! Je vous ai parlé plus haut de l’antiquité de Moïse.

Mais, encore une fois, ô impuissance des lois humaines ! presque toujours le coupable leur échappe, soit que le crime s’enveloppe d’impénétrables ténèbres, soit que la passion ou la nécessité les brave. Si elles atteignent, comment punissent-elles ? par un supplice nécessairement court, puisqu’il meurt avec la vie. Telle est la raison par laquelle Epicure se riait de la torture et de la douleur. Légères, disait-il, elles sont aisées à supporter ; violentes, elles ne durent pas. Il n’en va pas ainsi des Chrétiens. Vivant sous l’œil scrutateur auquel rien n’échappe, avant toujours à la pensée les flammes éternelles qu’il faut éviter, nous avons raison de dire que nous seuls allons au-devant de la vertu ; et parce que nous la connaissons parfaitement, et parce qu’il n’y a ni ombre, ni ténèbres pour notre juge, et parce qu’un avenir, non pas limité à quelques années, mais un avenir éternel, nous environne de ses terreurs. Nous craignons l’Etre souverain que doit craindre celui qui juge des hommes tremblant devant lui ; nous craignons Dieu, et non le proconsul.

XLVI. —Je crois avoir justifié les Chrétiens de tous les crimes que leur imputent des accusateurs altérés de leur sang. J’ai tracé sans le moindre déguisement, le tableau de notre religion. L’autorité et l’ancienneté de nos Ecritures, la confession des puissances invisibles elles-mêmes, voilà mes preuves. Si quelqu’un entreprend de me réfuter, qu’il laisse là les artifices du langage : qu’il réponde avec la franchise et la simplicité dont je lui ai donné l’exemple.