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spectacles ; mais quand j’ai envie de ce qui s’y vend, je l’achète plus volontiers sur la place publique. Nous n’achetons pas d’encens, il est vrai : si les Arabes s’en plaignent, les Sabéens répondent, en revanche, qu’ils nous vendent leurs aromates à un plus haut prix et en plus grande quantité pour ensevelir nos morts, que vous n’en perdez à enfumer vos dieux.

— Du moins, ajoutez-vous, on ne saurait nier que les revenus de nos temples ne baissent tous les jours. Qui est-ce qui met encore dans les troncs ?

C’est que nous ne pouvons suffire à l’entretien de tant d’hommes et de dieux à la mendicité, et que nous ne croyons devoir donner qu’à ceux qui demandent. Que Jupiter tende la main, nous lui donnerons. On sait que notre charité fait plus d’aumônes dans les rues, que votre religion d’offrandes dans ses temples. Quant aux contributions publiques, elles rendent graces de ce qu’il y a des Chrétiens au monde, parce que les Chrétiens les acquittent sans fraude, avec cette probité consciencieuse, qui s’abstient du bien d’autrui ; tandis que vous, si l’on examinait tout ce que vous dérobez au fisc par l’infidélité et la supercherie de vos déclarations, on reconnaîtrait que le seul article sur lequel vos accusations aient quelque fondement, est plus que compensé par tous les autres.

XLIII. Avouons-le cependant ! Quelques hommes ne sont que trop fondés à se plaindre qu’il n’y ait rien à gagner avec les Chrétiens. Et qui sont-ils ? A leur tête, les fauteurs de la débauche publique, les complices de cette infâme profession, les ravisseurs, les assassins, les empoisonneurs, les magiciens, les aruspices, les astrologues. Gain immense que de refuser toute occasion de gain à ces gens-là ! Mais s’il était vrai que notre secte vous causât quelque préjudice, convenez que par ses secours, elle vous en dédommage amplement. Comptez-vous pour rien d’avoir parmi vous des hommes, je ne dis plus qui chassent les démons, qui, le front dans la poussière, invoquent pour