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devant se relever pour prier Dieu pendant la nuit ; on converse comme sachant que Dieu écoute. Après qu’on s’est lavé les mains et que les flambeaux sont allumés, chacun est invité à chanter les louanges de Dieu, qu’il tire des saintes Ecritures, ou qu’il compose lui-même : c’est l’épreuve de sa tempérance. Le repas se termine comme il a commencé, par la prière. On sort de là, non pour courir les rues en bandes tumultueuses, non pour se provoquer au désordre, à l’insolence, au meurtre, mais avec modestie, avec pudeur ; on sort d’une école de vertu plutôt que d’un souper.

Condamnez, proscrivez nos assemblées si elles ont quelque ressemblance avec les assemblées dangereuses et criminelles, si on peut leur adresser les mêmes reproches qu’aux factions ordinaires. Mais quand y avons-nous concerté quelque perfide complot ? Réunis ou séparés, dans le secret de nos maisons ou bien tous ensemble, nous sommes toujours les mêmes, n’offensant personne, ne contristant personne.

XL. Une assemblée d’hommes de bien, d’hommes chastes, probes et vertueux, n’est point une faction, c’est un sénat. Le nom de faction convient à ceux qui soufflent la haine contre ces hommes religieux, qui demandent à grands cris le sang de l’innocence, qui couvrent leur animosité du misérable prétexte que les Chrétiens sont la cause de toutes les calamités publiques. Que le Tibre monte sur les remparts, que le Nil oublie de monter sur les campagnes, qu’un ciel d’airain se ferme, que la terre tremble, qu’il survienne une famine, une mortalité, aussitôt : Les Chrétiens au lion ! Quoi ! pour un seul lion un peuple de Chrétiens !

Mais répondez-moi, je vous prie. Avant Tibère, c’est-à-dire avant la naissance de Jésus-Christ, les villes et le monde entier n’avaient-ils pas essuyé les plus grands désastres ? Ouvrez l’histoire : les îles d’Hiérannape, de Délos, de Rhodes et de Cos, englouties avec des milliers d’habitants ;