Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

étaient réellement, ne se diraient pas des démons, de peur de se dégrader par cet aveu, ainsi ceux que vous connaissez à coup sûr pour des démons, n’oseraient pas se dire dieux, s’il existait vraiment des dieux dont ils viendraient prendre le nom. Se hasarderaient-ils à profaner la redoutable majesté de leurs maîtres ? Tant il est vrai que la divinité que vous adorez n’existe point. Si elle existait, elle ne serait ni usurpée par les démons, ni désavouée par les dieux. Les uns et les autres s’accordant à vous prouver qu’ils ne sont pas dieux, reconnaissez donc qu’ils sont tous des démons. Cherchez ailleurs la divinité ! Les Chrétiens, après vous avoir convaincus de la fausseté de vos dieux par vos dieux mêmes, vous découvrent par la même voie quel est le vrai dieu, s’il est unique, s’il est celui que proclament les Chrétiens, s’il faut croire en lui et l’adorer, comme notre foi et nos rites le prescrivent.

Que vos dieux vous disent maintenant quel est ce Christ avec sa fabuleuse histoire ; s’il n’est qu’un homme ordinaire ; si ses disciples ont enlevé son corps furtivement du tombeau ; s’il est encore parmi les morts ; s’il n’est pas plutôt dans le ciel ; s’il ne doit pas en descendre sur les ruines du monde, au milieu des frémissements et des lamentations de toutes les créatures, les Chrétiens seuls exceptés ; s’il ne doit pas en descendre avec la majesté de celui qui est la puissance et l’esprit de Dieu, son Verbe, sa sagesse, sa raison, son Fils. Qu’ils insultent avec vous à nos mystères ! qu’ils nient que Jésus-Christ après la résurrection générale jugera tous les hommes ! qu’ils viennent encore avec Platon et les poètes nous placer sur son tribunal un Minos, un Rha-damante ! que du moins ils essaient d’effacer l’ignominie de leur condamnation ! qu’ils nous démontrent clairement qu’ils ne sont pas des esprits immondes, quand tout les en accuse, et le sang dont ils se repaissent, et les sacrifices dégoûtants qu’on leur offre, et toutes les infamies de leurs prêtres ! qu’ils s’inscrivent en faux contre la sentence déjà prononcée contre leur perversité, et qui au jour suprême