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contraignirent Pilate, gouverneur d’une partie de la Syrie pour les Romains, de l’abandonner à leur haine pour l’immoler sur une croix. Lui-même l’avait prédit. Ce n’est point assez : les prophètes l’avaient annoncé bien des siècles auparavant. Attaché à la croix, il rendit l’ame en poussant un grand cri, et prévint le ministère du bourreau. A l’instant le jour s’éteignit, quoique le soleil ne fût encore que dans son midi. Ceux qui ignoraient que ce phénomène avait été prédit pour la mort du Christ, le prirent pour une éclipse. On l’a nié ensuite, faute d’en connaître la cause. Mais, ouvrez vos archives ! le prodige s’y trouve consigné.

Après que son corps eut été détaché de la croix et déposé dans le tombeau, les Juifs l’environnèrent avec grand soin de nombreuses sentinelles, de peur que ses disciples ne l’enlevassent furtivement, et ne persuadassent à des hommes déjà prévenus, qu’il était ressuscité le troisième jour, ainsi qu’il l’avait prédit. Le troisième jour arrive ; voilà que tout à coup la terre tremble ; l’énorme pierre qui fermait le sépulcre est renversée ; les gardes fuient saisis d’épouvanté, sans qu’il eût paru aucun de ses disciples, et, dans le tombeau vide, on ne trouve plus que les dépouilles d’un tombeau. Cependant, les principaux de la nation, intéressés à supposer un crime, et. à tenir éloigné de la foi un peuple tributaire et placé sous leur dépendance, firent courir le bruit que le corps du Christ avait été dérobé par ses disciples.

Le Christ ne se montra point à la multitude : l’impiété devait être punie par l’aveuglement : n’était-il pas juste aussi que la foi, destinée à de magnifiques récompenses, fût achetée par quelques épreuves ? Mais il demeura pendant quarante jours avec ses disciples dans la Galilée, qui fait partie de la Judée, leur enseignant ce qu’ils devaient enseigner eux-mêmes ; après quoi, leur ayant donné mission de proclamer son Evangile, il s’éleva dans le ciel, environné d’une nuée qui le déroba à leurs regards : prodige