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dans son sein, il naît homme uni à Dieu. La chair, animée par l’Esprit, se nourrit, croît, parle, enseigne, opère ; et voilà le Christ. Recevez toujours cette doctrine, ne fût-ce qu’une fable comme les vôtres, en attendant que je vous montre comment on prouve que le Christ est Dieu. Ceux qui parmi vous ont imaginé des fables pour détruire cette vérité, qu’elles s’efforçaient de contrefaire, savaient que le Christ devait venir. Les Juifs le savaient : c’était à eux que s’adressaient les prophètes. Aujourd’hui ils attendent encore son avènement ; et le grand débat entre eux et nous, c’est qu’ils soutiennent qu’il n’a point encore paru. Deux avènements du Christ sont marqués dans les prophètes, le premier dans la bassesse de la condition humaine ; il a eu lieu ; le second dans la splendeur de la Divinité qui se manifeste ; il est réservé pour la consommation des temps. Les Juifs, ne comprenant pas le premier, espèrent le second qui a été prédit avec plus de clarté, et se persuadent qu’il est l’unique. Leurs infidélités les ont empêchés de reconnaître le premier, qu’ils auraient cru s’ils l’eussent compris, et qui les aurait sauvés s’ils l’eussent cru. Ils lisent eux-mêmes dans leurs livres la déclaration que Dieu, pour les châtier, leur a dérobé la sagesse et l’intelligence, l’usage des yeux et des oreilles. Comme les abaissements de Jésus-Christ ne leur laissaient voir dans sa personne qu’un homme ordinaire, sa puissance devait le leur faire regarder comme un magicien. D’un mot, chassant les démons qui obsédaient l’homme, rendant la lumière à des yeux éteints, la santé aux lépreux, le mouvement aux paralytiques, la vie aux morts, soumettant les éléments, apaisant les tempêtes et marchant sur les eaux, il manifestait partout dans sa personne le Logos, c’est-à-dire le Verbe éternel de Dieu, son premier né, toujours rempli de sa vertu et de sa raison, toujours soutenu par son esprit. Mais les docteurs et les chefs de la nation, révoltés contre une doctrine qui les confondait, jaloux d’ailleurs de voir le peuple en foule courir sur ses pas,