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de son origine sont tellement couverts par l’éclat qui l’environne, que personne ne s’avise de penser que la première bouche a pu être menteuse ; ce qui arrive tantôt par jalousie, tantôt par des soupçons téméraires, tantôt par cette pente naturelle d’une partie des hommes pour le mensonge. Heureusement il n’est rien que le temps ne découvre enfin : témoins vos proverbes et vos sentences. La nature a voulu que rien ne pût rester long-temps dans l’ombre. Ce n’est donc pas sans raison que depuis tant d’années la renommée seule a le secret de nos crimes. Oui, voilà l’unique accusateur que vous produisez contre nous, et qui jusqu’ici n’a pu rien prouver des rumeurs qu’il publie partout et avec tant d’assurance.

VIII. J’en appelle à la nature contre ceux qui jugent de tels bruits dignes de foi. Eh bien ! je vous l’accorde, nous proposons la vie éternelle comme la récompense de ces crimes. Croyez-le pour quelques moments. Mais, je vous le demande, quand même vous seriez parvenus à le croire, voudriez-vous acheter si cher la récompense ? Oui, venez plonger le poignard dans le sein d’un enfant qui n’est ennemi de personne, qui n’est coupable d’aucun crime, qui est l’enfant de tous, ou si un autre est chargé d’un semblable ministère, venez voir mourir un homme avant qu’il ait vécu ; épiez le moment où cette ame encore jeune va s’échapper ; recevez ce sang qui commence à couler ; trempez-y votre pain ; rassasiez-vous-en ! A table, remarquez avec soin où est votre mère, où est votre sœur ; ne vous trompez point, quand les ténèbres produites par les chiens tomberont sur l’assemblée ; car ce serait un crime que de manquer un inceste. Initié de la sorte aux mystères, vous voilà sûr de l’immortalité. Répondez-moi, voudriez-vous de l’immortalité à ce prix ? Non, sans doute ; aussi ne sau-riez-vous croire qu’elle soit à ce prix. Mais quand vous le croiriez, vous n’en voudriez point, et quand vous le voudriez, je l’affirme, vous ne le pourriez point. Comment d’autres le pourraient-ils si vous ne le pouvez pas ? Et si d’