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interdit, que des parents condamnèrent à mourir de faim une femme, pour avoir rompu les sceaux d’un cellier. Sous Romulus, Mécénius tua impunément sa femme, qui n’avait fait que goûter du vin. Voilà pourquoi elles étaient obligées d’embrasser leurs proches, afin qu’on pût juger par leur souffle si elles en avaient bu. Qu’est devenue cette antique félicité du mariage, si bien fondée sur la pureté des mœurs que, pendant près de six cents ans, aucune maison n’offrit l’exemple du divorce ? Aujourd’hui, chez les femmes, l’or surcharge tout le corps, le vin éloigne d’elles tout embrassement. Le divorce est comme le fruit et le vœu du mariage. Vous qui vous vantez de tant de respect pour la divinité, vous avez aboli les sages règlements de vos pères sur le culte des dieux. Les consuls, conformément au décret du sénat, avaient chassé Bacchus et ses mystères, non-seulement de Rome, mais de toute l’Italie. Sérapis et Isis, Harpocrate avec son dieu à tête de chien, ne se sont-ils pas vus repoussés du Capitole, c’est-à-dire chassés du palais des dieux, par les consuls Pison et Sabi-nus ? Ceux-ci ne les ont-ils pas bannis de l’empire, après avoir renversé leurs autels, voulant ainsi arrêter les vaines et infâmes superstitions ? et cependant ces consuls n’étaient pas chrétiens ! Pour vous, vous avez rétabli ces divinités, vous les avez environnées du plus grand éclat. Où est la religion ? Où est le respect dû aux ancêtres ? Par l’habillement, le genre de vie, l’éducation, le sentiment, le langage même, vous désavouez vos ancêtres. Vous nous vantez sans cesse les mœurs antiques, et rien n’est plus nouveau que votre manière de vivre. Il est facile de le voir, en vous éloignant des sages institutions de vos pères, vous retenez et vous gardez ce qu’il faudrait rejeter, et vous rejetez ce qu’il faudrait conserver. Tout en paraissant protéger avec la plus grande fidélité les traditions anciennes, je veux dire le respect pour les dieux, pour ces dieux, grande erreur des premiers temps ; tout en relevant les autels de Sérapis devenu romain, tout en consacrant vos fureurs