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langage, ils devraient pardonner de leur ressembler. Je répondrai sur chacune des choses qu’ils nous accusent de faire en secret, tandis qu’ils se les permettent en public, et pour lesquelles on nous traite comme des scélérats, des insensés qu’il faut dévouer aux supplices et au mépris de tous.

Mais, comme à la vérité dont nous sommes l’organe, et qui répond à chacune des objections, on oppose l’autorité des lois, après lesquelles, dites-vous, l’examen est interdit, et dont les dispositions suprêmes dominent toutes les considérations, commençons par discuter ce qui regarde les lois, puisque vous êtes les défenseurs de ces lois. D’abord, lorsque vous avez prononcé avec dureté cet arrêt : Il ne vous est pas permis d’être Chrétiens, et que vous le prescrivez sans aucune modification qui l’adoucisse, vous faites profession publique de violence et de tyrannie, puisque c’est dire que notre religion est interdite, non parce qu’elle doit l’être, mais parce que vous voulez qu’elle le soit. Si vous la prohibez par la raison qu’elle ne doit pas être permise, c’est apparemment parce que le mal doit être sévèrement prohibé, comme ce qui est bien doit être permis. Si donc je réussis à prouver que la doctrine proscrite par votre loi est un bien, j’aurai prouvé que votre loi n’a pu la frapper d’interdit, comme elle en aurait le droit, si c’était un mal.

Si votre loi a failli, c’est qu’elle est l’œuvre de l’homme et qu’elle ne descend pas du ciel. Qu’y a-t-il de surprenant, ou qu’un législateur se soit trompé, ou qu’il ait réformé l’ouvrage sorti de ses mains ? Lycurgue fut si affligé des changements que les Lacédémoniens introduisirent dans ses lois, qu’il se condamna à mourir de faim dans un exil volontaire. Vous-mêmes, aidés du flambeau de l’expérience qui a dissipé les ténèbres de l’antiquité, n’éclaircissez-vous pas tous les jours par des rescrits et par des édits l’antique et confuse forêt de vos lois ? Hier encore l’empereur Sévère, tout ennemi qu’il est des innovations, n’abrogeait-il par une loi peu réfléchie, quoique vénérable