Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée

affronta les lions de Darius, comme les autres les flammes de Nabuchodonosor. A ceux - là donc d’allumer tous les jours des lanternes, qui n’ont pas la lumière ! A ceux-là d’attacher à leurs portes des branches de laurier destinées à brûler un jour, qui sont menacés des feux vengeurs ! Les témoignages de leurs ténèbres et les présages de leurs supplices ne leur vont que trop bien ! « Toi, tu es la lumière du monde, tu es un arbre toujours vert. » Si tu as renoncé aux temples, ne fais pas de ta porte un temple ! Je n’ai pas dit assez : si tu as renoncé aux lieux de prostitution, ne donne pas à ta demeure l’aspect d’un lieu de prostitution.

XVI. Quant aux cérémonies privées et en usage à l’occasion de la prise de la loge blanche, des fiançailles, des noces, et du nom imposé à l’enfant, je ne pense pas qu’il y ait en tout cela grand danger d’idolâtrie. En effet, il ne faut pas perdre de vue les origines de ces coutumes : je les crois innocentes par elles-mêmes, attendu que la robe virile, l’anneau et l’union conjugale ne remontent pas au culte d’une idole. En un mot, je ne sache pas que Dieu ait jamais condamné un vêtement, si ce n’est le vêtement de la femme porté par un homme : « Maudit quiconque revêt un habit de femme. » La toge, au contraire, est essentiellement virile. Qu’on célèbre des noces, Dieu ne le défend pas plus que d’imposer des noms ; mais à ces solennités se joignent des sacrifices. Si l’on m’invite, pourvu que mes soins et mes fonctions n’aient aucun rapport avec ces sacrifices, que ferai-je[1] ? ce qu’il me plaira. Plût au ciel, assurément, que nous ne pussions jamais voir ce qu’il nous est défendu de faire ! Mais puisque l’esprit mauvais a tellement enveloppé le monde d’idolâtrie, il nous sera permis d’assister à quelques cérémonies, pourvu que nous y allions pour l’homme et non pour l’idole. M’invite-t-on

  1. J’ai lu avec le second texte de l’Omniloquium de Morcau : Quid tum ? si lubet. Utinam equidem nec videre possemus…