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d’hiver, déposer des présents sur la tombe de ceux que l’on pleure. Il faut couronner les écoles de guirlandes eu l’honneur de Flora. Les prêtresses et les édiles sacrifient pour l’école ; l’école est fermée le jour de ces solennités. Mêmes vacances au jour de la naissance de l’idole : pas une pompe de Satan qui ne soit fréquentée. Peut-on penser que ces abominations sont indignes du Chrétien, sans penser également qu’elles sont interdites au maître d’école ?

— On nous dira, je le sais : S’il n’est pas permis aux serviteurs de Dieu d’enseigner les belles-lettres, il n’est donc pas permis non plus de les apprendre ? Mais alors comment se formera-t-on à la sagesse humaine ? Comment saura-t-on penser et agir, puisque la littérature est la clef de toute la vie ? Comment répudier les études profanes, puisque sans elles il n’y a plus d’études religieuses ?

—Voyons donc jusqu’où va la nécessité de cette éducation : ne peut-on pas en admettre une partie, en rejeter une autre ? D’abord, il est plus raisonnable à un Chrétien d’apprendre les belles-lettres que de les enseigner. Car apprendre et enseigner sont choses bien différentes. Si un fidèle enseigne la littérature, il est hors de doute qu’en expliquant une doctrine pleine de faux dieux, il la fait valoir ; en la communiquant, il l’affirme ; en la racontant, il lui rend témoignage. Il les appelle même des dieux. Or la loi, nous l’avons dit, ne veut pas qu’on les appelle des dieux, ni que ce nom soit pris en vain. Qu’est-ce donc que le début de l’éducation ? Les premiers fondements de la foi jetés en faveur du démon. Ne me demandez plus si celui-là est coupable d’idolâtrie, qui catéchise sur les idoles. Mais lorsque le fidèle étudie, s’il a le sentiment de ce qu’il est, surtout s’il l’a depuis long-temps, il ne reçoit ni n’admet ces puérilités. Ou bien, commence-t-il à croire ? il croira de préférence ce qu’il a appris d’abord, c’est-à-dire sur Dieu et la foi. Tout le reste, par conséquent, il le repousse sans l’accepter. Il sera donc aussi en sûreté que