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qui s’égare, tout est dieu, excepté le Créateur de toutes choses. Les images de ce qu’il a créé sont des idoles ; la consécration de ces images, c’est l’idolâtrie. Tous les crimes que commet l’idolâtrie, l’artisan qui a fait une idole, quel qu’il soit et quelle que soit son œuvre, en est nécessairement responsable. Enfin Enoch enveloppe d’avance dans la même condamnation l’artisan et l’adorateur des idoles. Et ailleurs : « Pécheurs, je vous le jure, quand viendra le jour du sang et de la perdition, la justice est prête. Vous tous qui adorez des pierres, vous tous qui vous taillez des images d’or, d’argent, de bois, de pierre et de terre ; vous qui servez les fantômes, les esprits infâmes, et toutes les erreurs qui ne sont pas selon la science, ils ne vous seront d’aucun secours. » Mais Isaïe dit : « Vous êtes mes témoins : y a-t-il un autre Dieu que moi ? Alors n’existaient pas des sculpteurs, ni des fabricants d’images, hommes vains qui font ce qui leur plaît, mais qui ne leur servira de rien. » El plus bas, quel anathème il lance sur les fabricateurs et les adorateurs d’images, dans cette déclaration qui se termine ainsi : « Sachez-le ! leur cœur n’est que cendre et poussière ; aucun d’eux ne pourra délivrer son ame. » Là-dessus David récrie avec la même justice : « Et puissent leur ressembler ceux qui les font ! » Qu’ajouterai-je de plus, moi homme de peu de mémoire ? Pourquoi citerai-je les Ecritures ? comme si la voix de l’Esprit saint ne suffisait pas, ou qu’il fallût mettre en question que le Seigneur ait maudit et condamné les faiseurs d’images avant même d’en maudire et d’en condamner les adorateurs.

V. Nous répondrons avec plus d’étendue aux prétextes allégués par ces artisans qu’on ne devrait jamais admettre dans la maison de Dieu, si l’on connaissait bien cette loi. On a coutume d’objecter : Je n’ai pas d’autre moyen de vivre. Qu’est-il besoin que tu vives, peut-on lui répliquer aussitôt ? Qu’y a-t-il de commun entre Dieu et toi, si tu te règles sur tes propres lois ? Ensuite, comme on ose s’appuyer