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Dieu, en lui dérobant les hommages qui lui sont dus pour les transporter à d’autres, ajoutant ainsi l’outrage au larcin. Que si le vol, la fornication, l’adultère causent la mort, c’en est assez pour que l’idolâtrie ne soit pas innocente d’homicide.

Après ces crimes si funestes, si capables d’anéantir le salut, plusieurs autres désignés par différents noms, et conséquemment classés à part, se reproduisent dans l’idolâtrie. Elle comprend toutes les convoitises du siècle. Quelle est la cérémonie idolâtrique sans le luxe et les vains ornements du culte ? Elle comprend les désirs impurs et l’ivresse : car les solennités païennes ne sont fréquentées que pour y satisfaire les plus grossiers appétits. Elle comprend l’injustice : qu’y a-t-il de plus injuste que celle qui méconnaît le père de toute justice ? Elle comprend la vanités puisqu’elle repose tout entière sur la vanité. Elle comprend, le mensonge, puisque le fond de sa substance n’est que mensonge. Par là, tous les crimes se rencontrent dans l’idolâtrie, et l’idolâtrie dans tous les crimes.

D’ailleurs, comme tous les délits sont une offense envers Dieu, et que tout ce qui offense Dieu doit être attribué aux démons et aux esprits immondes auxquels sont consacrées les idoles, il n’en faut point douter, quiconque pèche commet le crime de l’idolâtrie, puisqu’il fait ce qui appartient aux maîtres des idoles.

II. Mais que tous ces délits rentrent dans les dénominations de leurs œuvres, et que l’idolâtrie demeure ce qu’elle est en elle-même. Une prévarication si ennemie de Dieu, une substance si riche en crimes, qui déploie tant de ramifications, qui se divise en tant de ruisseaux, se suffit à elle seule, si bien que, même en l’isolant de ses conséquences, il lui reste encore tant d’étendue qu’il faut craindre de nous tromper sur ses limites. En effet, elle renverse les serviteurs de Dieu de plusieurs manières, non pas seulement par ignorance, mais par une secrète connivence. La plupart des hommes n’attachent communément le