Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Mais, dira-t-on, bien des hommes ne retombent-ils pas après le baptême ? N’en est-il pas un grand nombre qui sont dépouillés de ce bienfait ? — Sans doute : ce sont ceux qui se glissent furtivement ; ceux qui, se confiant dans leur prétendue pénitence, « ont bâti sur le sable une maison qui devait crouler. » Ainsi, parce qu’un homme est admis au noviciat des Auditeurs, qu’il n’aille pas se flatter de l’espoir qu’il lui est encore permis de pécher ! Dès que tu connais Dieu, il faut le craindre ; dès que tu le contemples, il faut le révérer. D’ailleurs, à quoi te servirait de le connaître, si tu marches dans les mêmes voies qu’aux jours de ton ignorance ? Quelle différence y a-t-il entre toi et un parfait serviteur de Dieu ? Y a-t-il un Christ pour ceux qui sont baptisés, et un Christ pour les Auditeurs ? Y a-t-il deux craintes, deux espérances, deux craintes du jugement, deux nécessités de la pénitence ? Le bain régénérateur est le sceau de la foi ; cette foi commence et se recommande par la sincérité de la pénitence. Nous ne sommes pas lavés pour que nous cessions de pécher, mais parce que nous avons cessé, et que nous sommes déjà lavés au fond du cœur. Voilà le premier baptême, de l’Auditeur : une crainte entière ; puis, du moment qu’on s’approche du Seigneur, une foi pure et une conscience qui a embrassé une bonne fois la pénitence. D’ailleurs, si nous ne cessons de pécher qu’au sortir de l’eau baptismale, c’est par nécessité et non par choix que nous revêtons l’innocence. Or, lequel des deux a quelque mérite à être vertueux, de celui qui ne peut pas être criminel, ou de celui qui ne le veut pas ? de celui auquel il est enjoint de s’abstenir, ou de celui qui s’abstient volontairement ? Eh bien ! ne détournons nos mains du larcin, qu’autant que la solidité des barrières s’y refuse ; n’interdisons à nos yeux les regards de la concupiscence, qu’autant que nous serons arrêtés dans l’adultère par des gardiens vigilants, s’il est vrai que nul de ceux qui se donnent à Dieu ne doive renoncer au péché que lié par les engagements du baptême. Quiconque