Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/208

Cette page n’a pas encore été corrigée

empêche d’agir, n’en est pas moins coupable, et qu’il a réalisé l’acte au fond de sa volonté. Puisque telle est la puissance de la volonté, pourquoi, dès-lors qu’elle a joui intérieurement d’elle-même, ne serait-elle pas regardée comme une action ? Elle sera donc punie comme une action. C’est une folie que de dire : J’ai voulu, mais je n’ai pas exécuté. Que dis-je ? Tu dois consommer l’acte, puisque tu le veux ; ou ne pas le vouloir, puisque tu ne le consommes pas. Mais voilà plus : tu te condamnes toi-même par l’aveu de la conscience. Car, si tu désirais le bien, tu t’efforcerais de l’accomplir ; or, tu n’accomplis pas le mal, donc tu ne devais pas le désirer. De quelque côté que tu te tournes, tu es coupable ou d’avoir voulu le mal, ou de n’avoir pas accompli le bien.

IV. Ainsi le Dieu qui a promis le jugement et le supplice à tous les péchés, qu’ils fussent commis par la chair ou par l’esprit, par action ou par volonté, a garanti aussi le pardon par la pénitence, quand il dit au peuple : « Fais pénitence, et je te sauverai. » Et ailleurs : « Je suis le Dieu vivant ; j’aime mieux la pénitence que la mort. » La pénitence est donc la vie, puisqu’elle est mise en opposition avec la mort. Pécheur semblable à moi, ou plutôt inférieur à moi, car je confesse ma supériorité dans le péché, saisis, embrasse la pénitence, comme un naufragé s’empare de la planche qui doit le sauver. Elle t’aidera à sortir des flots de la prévarication qui t’engloutissent, et te conduira dans le port de la divine miséricorde. Saisis l’occasion d’un bonheur inattendu, afin que celui qui tout à l’heure n’était devant Dieu « qu’une goutte d’eau, qu’un grain de sable, qu’un vase d’argile, devienne cet arbre qui est planté le long des eaux, qui se couvre de feuilles, qui porte des fruits dans son temps, et qui ne verra un jour ni le feu ni la hache. Repens-toi de tes erreurs, puisque tu as trouvé la vérité ! Repens-toi d’avoir aimé ce que Dieu n’aime pas, puisque nous-mêmes nous ne permettons pas aux plus humbles de nos serviteurs d’aimer ce qui