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la main sur les prophètes, sinon par impatience d’entendre ? Pourquoi immolèrent-ils Jésus-Christ lui-même, sinon par impatience de voir ? Donnez-leur la patience, ils sont délivrés.

VI. C’est encore la patience qui suit et précède la foi. « Ainsi Abraham crut à la parole de Dieu, et sa foi lui fut imputée à justice. » Ce fut néanmoins la patience qui éprouva la foi du patriarche, lorsqu’il reçut l’ordre d’immoler son Fils, disons-le, moins pour tenter la foi d’Abraham que pour montrer d’avance un auguste symbole. Car, du reste, Dieu connaissait parfaitement celui qu’il avait regardé comme juste. Son serviteur écouta avec une patiente soumission l’ordre rigoureux dont le Seigneur ne voulait pas l’accomplissement, et qu’il eût accompli, si Dieu l’avait voulu. Aussi fut-il béni à juste titre, parce qu’il avait été fidèle, et fidèle parce qu’il avait été patient. Ainsi, lorsque la foi, rehaussée par la patience, était semée parmi les nations par la semence d’Abraham, qui est Jésus-Christ, et ajoutait la grâce à la loi, elle mit la patience, son auxiliaire, à la tête de la loi, pour en être le sceau et la consommation, d’autant plus que seule elle avait manqué autrefois à la doctrine de la justice. En effet, que disait-on anciennement ? « OEil pour œil ; dent pour dent ; » on rendait le mal pour le mal. La patience n’était pas encore descendue sur la terre, non plus que la foi : l’impatience, en attendant, profitait des bénéfices de la loi. Cela était naturel dans l’absence de l’auteur et du maître de la patience. A son arrivée, tout change. La grâce de la foi est réglée sur la patience, il n’est plus permis d’outrager son frère en paroles, « ni même de lui dire : Insensé ! sans s’exposer à la condamnation. » La colère du cœur est étouffée au fond de lui-même ; la vivacité de la main est arrêtée ; le venin de la langue est ôté. La loi a plus gagné qu’elle n’a perdu depuis que le Christ a dit : « Aimez vos ennemis ; bénissez ceux qui vous maudissent ; priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous