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TERTULLIEN DE LA PATIENCE.


I. Je le confesse devant le Seigneur notre Dieu, il y a quelque témérité de ma part, pour ne pas dire une sorte d’impudeur, à composer un traité sur la patience, moi qui ne saurais en offrir dans ma personne aucun exemple, puisque je suis un homme dépourvu de tout bien. Il faudrait cependant, lorsqu’on entreprend l’éloge et la démonstration de quelque vertu, commencer par faire voir qu’on la pratique, et donner à l’enseignement l’autorité de la conduite, de peur que les paroles n’aient à rougir si les actions leur font défaut. Plaise à Dieu que la honte de ne pas pratiquer moi-même ce que je viens conseiller aux autres, m’apprenne enfin à m’y soumettre ! Ma seule excuse, c’est qu’il existe certaines vertus, comme certains maux, au-dessus des forces humaines. Pour embrasser les unes, pour supporter les autres, il faut le secours particulier de l’inspiration divine. En effet, ce qui est parfaitement bon doit résider en Dieu, et il n’y a que le possesseur qui puisse départir à qui et dans la mesure qu’il lui plaît. J’aurai du moins la consolation de m’entretenir d’un bien qu’il ne m’est pas donné de goûter, à peu près comme ces malades, qui ne peuvent se taire sur les avantages de la santé qu’ils n’ont pas.

Ainsi, infortuné que je suis, toujours brûlant de la fièvre de l’impatience, il faut que je demande par mes soupirs,