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Le continent souffre aussi des révolutions, qu’elles lui viennent du ciel ou de lui-même. Jette les yeux sur la Palestine, là où le fleuve du Jourdain lui sert de limite. Qu’aperçois-tu ? -Désert immense ; région désolée ; plaines stériles. Cependant des cités, des peuples nombreux la couvraient autrefois ; son sol était en grand renom. Ensuite, comme Dieu est un vengeur terrible, l’impiété de ces villes attira sur elles une pluie de feu. Depuis ce jour, on ne parle plus de Sodome ni de Gomorrhe. A leur place, la cendre ; et la mer qui est voisine vit de la mort, de même que ce sol maudit. L’antique Volsinies, ville de Toscane, périt dans un semblable embrasement. Je crains bien que la Campanie, qui a déjà perdu Pompéia, ne puisse pas échapper à ses propres flammes. Mais Dieu veuille l’épargner ! Plaise au ciel que l’Asie n’ait plus à redouter désormais les déchirements de son sol ! Plaise au Ciel encore que l’Afrique n’ait eu à trembler qu’une seule fois devant ces gouffres soudains, et que ses crimes soient suffisamment expiés par ce camp qui se déroba sous ses pas !

Mille autres calamités semblables ont changé la face du monde et la situation des lieux. Quelque tristesse qu’il y ait à poursuivre, je dirai que les guerres n’ont pas causé moins de désordres que la décadence des empires. Combien de fois les royaumes n’ont-ils pas changé depuis Bélus, fils de Ninus, si toutefois Ninus régna le premier, comme l’estiment les vieux historiens profanes ! Chez vous d’ordinaire, la narration ne remonte pas plus haut. L’histoire du monde commence par les Assyriens. Pour nous qui lisons les annales divines, nous connaissons l’histoire du monde dès sa naissance.

Mais j’aime mieux parler de choses plus gaies, puisqu’elles changent également. En effet, si la mer a englouti, si le ciel a dévoré, si la terre a enseveli, si le glaive a moissonné, ces pertes sont réparées ailleurs avec usure. Dans l’origine, la terre était inutile dans la plus grande partie de son