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image intérieure qui anime toute la surface. D’où viendrait à l’âme cette puissance si elle était incorporelle ? Comment une substance, dépourvue de solidité, pourrait-elle mettre en mouvement des corps solides ?

Mais comment les sens corporels et intellectuels remplissent-ils leurs fonctions dans l’homme ? Les qualités des êtres corporels, dit-on, tels que la terre et le feu, nous sont annoncées par les sens corporels, tels que le toucher et la vue. Au contraire, celles des êtres incorporels, tels que la bonté, la malice, répondent aux sens intellectuels. Conséquemment, m’objectera-t-on, il est certain que l’âme est incorporelle, puisque ses propriétés ne sont pas saisies par les sens corporels, mais par les sens intellectuels. D’accord, si je ne démontre pas le vice de cette définition. Voilà qu’en effet je prouve que des êtres incorporels sont soumis aux sens corporels, le son à l’ouïe, la couleur à la vue, l’odeur à l’odorat. L’âme vient aussi vers le corps, à la manière de ces substances : qu’on ne dise donc plus que les sens corporels nous en avertissent parce qu’elles répondent aux sens corporels. Ainsi, s’il est constant que les choses incorporelles elles-mêmes sont embrassées par les sens corporels, pourquoi l’âme, qui est corporelle, ne serait-elle pas également saisie par les sens incorporels ? Assurément la définition est défectueuse.

Le plus remarquable argument qu’on nous oppose est que, selon nos adversaires, tout corps se nourrit en s’assimilant d’autres corps. L’âme au contraire, ajoutent-ils, attendu son incorporéité, se nourrit de substances incorporelles, c’est-à-dire, des études de la sagesse. Mais cet argument ne se soutiendra pas davantage. Soranus, savant auteur de la médecine méthodique, répond qu’elle se nourrit d’aliments corporels, il y a mieux, qu’il lui faut de la nourriture pour réparer ses défaillances. Quoi donc ? n’est-il pas vrai que sans nourriture, elle finit par abandonner complètement le corps ? C’est ainsi que Soranus, après avoir écrit sur l’âme quatre volumes, et avoir examiné l’